Vincent Joineau (Revue CI année 2010)
Vincent Joineau
p. 59-69
Résumé :
Les moulins à nef des basses vallées de la Garonne et de la Dordogne : des moulins « à la marge » (XVIe siècle -début XIXe)
Le choix du lieu d’implantation des moulins à nef (moulins sur bateaux) dans les basses vallées de la Garonne et de la Dordogne dépendait de l’impact de la marée montante et des potentialités énergétiques offertes par les chenaux de navigation.
Situés au-delà de la zone d’influence de la marée afin d’empêcher leur déplacement vers l’amont sous l’effet de la marée montante, ces usines étaient en revanche positionnées au plus fort du courant descendant, quitte à profiter des infrastructures associées aux pêcheries.
Le second point sur lequel revient la contribution porte sur les raisons expliquant le maintien des moulins à nef, pourtant dangereux pour la navigation. Insuffisamment équipé en capacités de mouture, le secteur allant de La Réole à Saint- Macaire s’appuyait sur les moulins à nef pour compenser la faiblesse de la production de farines. Néanmoins, les meuniers de ces moulins « flottants » n’étaient pas seulement animés de motivations philanthropes : la hausse des prix du blé justifia la réapparition des moulins à nef au cours des années 1750-1770, et fait d’eux, l’incarnation du commerce spéculatif du Bordelais de la fin du XVIIIe siècle.
Vincent Joineau
The ship mills in the low-lying valleys of the Garonne and the Dordogne: «fringe» mills (16th century- beginning of the 19th century)
Choosing where to implement the mills in the low-lying valleys of the Garonne and the Dordogne depended on the impact of the rising tide and the potential energies offered by the navigation channels. Placed beyond the tidal zone to avoid their being moved upstream on the flow, these factories were yet located where the downstream current is the strongest and sometimes benefited from the facilities used by the fisheries.
The article also deals with the reasons why the mills were maintained although they were dangerous for the navigation. The area going from La Réole to Saint-Macaire which didn’t have the necessary equipment for the grinding process, relied on those mills to make up for the poor production of flour.
Yet, the millers of those “floating” mills were not only driven by philanthropist motivations. The mills were used again in the 1750s-1770s because of the rising prices of the wheat and thus they became the symbol of speculative trade in and around Bordeaux at the end of the 18th century.