Jean-Claude Fauveau (Revue CIII année 2012)
Résumé :
Du Grand Séminaire à la Grande Poste de Bordeaux. Trois siècles d’histoires girondines
Le Grand Séminaire de Bordeaux occupe un magnifique édifice, à proximité immédiate du Mont Judaïque, ouvert en 1747 dans de vastes bâtiments situés entre la rue du Palais-Gallien, la rue Judaïque. Pendant la Révolution le séminaire devient « Maison nationale ». Il aura pendant une dizaine d’années, des affectations diverses : lieu d’assemblée des sections révolutionnaires, prison pour les prêtres non assermentés, domicile du sanguinaire commissaire du peuple Tallien, usine de piques et accueil des réfugiés en provenance de Saint-Domingue…etc. En 1800 il devient l’Hôtel de la
Monnaie par un décret spécial du Premier consul, Napoléon Bonaparte. Excepté la construction d’une grande salle destinée au monnayage dans la cour Judaïque et de plusieurs laboratoires dans les jardins, la Monnaie de Bordeaux apporte peu de modifications au Grand Séminaire. Vers 1890, les Postes et télégraphes s’y installent. Les changements seront considérables : suppression de la cour d’honneur, de la belle porte à bossage construite vraisemblablement par l’architecte André Portier pour les Lazaristes par exemple. En 2004 l’ensemble est cédé à un promoteur qui le transforme en une résidence moderne comprenant plus d’une centaine d’appartements. Les vieux immeubles vétustes et noircis par le temps seront alors rénovés en privilégiant la grande entrée, avec son escalier en fer forgé du XVIIIe et les deux ailes du cloître. Aujourd’hui il est difficile de voir dans son ensemble ce magnifique bâtiment du XVIIIe siècle en partie conçu par les architectes Jean et Étienne Laclotte. Rue Castéja la belle extension moderne, construite en 1926 par l’architecte Jean Canouet a été également restaurée. L’édifice ancien sera ainsi complété par deux beaux immeubles en « L » construits avec la même pierre blonde, formant ainsi un ensemble architectural unique en plein centre de la capitale de l’Aquitaine.
From the « Grand Séminaire » to the « Grande Poste de Bordeaux » : three centuries of Gironde history
The seminary is situated in a splendid edifice close to Mount Judaïque between the rue du Palais-Gallien and the rue Judaïque and was open in 1747. During the French Revolution, the seminary became “Maison nationale”. It was used in various ways for about 10 years: a meeting hall for revolutionary sections, a prison for the refractory priests, the house of Tallien, the bloodthirsty People’s Commissar, an arms factory, and a shelter for the refugees from Santo Domingo…. It became the Hôtel de la Monnaie in 1800 by a special decree issued by the First Consul, Napoléon Bonaparte. There were few changes apart from the construction of a large room devoted to coins minting in the Judaïque courtyard and several laboratories in the gardens. The Post and Telegraph Office moved in around 1890. Radical changes followed: the court of honour was converted and the fine embossed doorway, probably built by the architect André Portier for the Lazarists, was destroyed. In 2004 the entire edifice was sold to a developer who transformed it into a modern apartment block with a hundred or so flats. The dilapidated old buildings blackened with age were then refurbished, in particular the great entrance with its wrought iron staircase from the 18th century and the two wings of the cloister. It is difficult today to see this splendid monument from the 18th century partly designed by the architects Jean and Étienne Laclotte in its entirety. In the rue Castéja, the great modern extension built by the architect Jean Canouet in 1926 was also restored and two L-shaped constructions were built with the same pale stone to complete the old edifice, thus forming a unique architectural unit right in the centre of the capital city of Aquitaine.